mardi 25 mai 2021

analyse sémio-énonciative de la chanson "bauta na mboka" de mabele elisi



Ici il sera question d’abord de présenter le corpus, ensuite évoquer quelques énoncés (dénotation) et enfin en déterminer les connotations.

De son vivant, l’artiste a produit les albums suivants : « Lisanga ya banganga », « Faux calcul réalisé», « Correction », « Ndoki ya gentil », « Itokia » et « Ekabola bitumba ». Et « Bawuta na mboka » est parmi les onze chansons de l’album « Ndoki ya gentil ».
Cette  chanson qui fait l’objet de notre travail comprend trois grandes parties : la première se propose d’interpeler les  Kinois compte tenu de leur complexe de supériorité à l’égard des villageois ; la deuxième  nous invite à opérer un bon choix pour le mariage et la troisième compare les différentes cultures aux personnages bibliques.

Il convient de préciser que l’analyse que nous voudrions mener est une analyse qualitative. Il faudrait commencer, d’abord, par trouver l’ensemble des dénotations ou sens premiers des unités signifiantes et leurs connotations. Quant à la méthode à suivre pour l’analyse sémiotique de la chanson, nous proposons la démarche suivante :

Dans ce schéma, on peut identifier un destinateur (émetteur) qui émet le message à un destinataire (récepteur). Le message est transmis grâce à l’existence d’un code (la langue) partagé par les deux participants qui, pour qu’il y ait transmission d’informations, doivent obligatoirement entrer en contact (un contact qui suppose une connexion physique et psychologique). L’ensemble s’inscrit dans un contexte verbal ou susceptible d’être verbalisé.
Ce schéma de Jakobson est un modèle décrivant les différentes fonctions du langage. Il a été développé à la suite des études de Karl Bühler, qui a cardé les échanges linguistiques. D’après celui-ci, chaque acte de communication implique trois éléments : code linguistique, un locuteur et son interlocuteur et enfin un contexte. C’est ce schéma que nous allons suivre de près dans l’analyse et l’interprétation de la chanson « Bawuta na mboka », choisie pour notre étude. Nous allons tenir compte principalement de ces trois éléments évoqués ici. Qu’en est-il ?

a.   Le destinateur : Mabele Elisi et son orchestre.

Il s’agit de la fonction expressive (émotive) qui est relative à l’émetteur, elle consiste à informer le récepteur sur la personnalité ou les pensées de l’émetteur.

b.    Le destinataire : la population en général.

Ici, il y a la présence de la fonction conative, relative au récepteur car elle marque la volonté du destinateur à agir sur le destinataire, à l’influencer.

c.    Le message 

 La chanson se veut  à la fois une interpellation envers les citadins kinois qui souffrent d’un complexe de supériorité, une invitation à effectuer un bon choix en vue du mariage et la valorisation de l’ethnie Mongo.  Il s’agit de la fonction émotive et poétique. La forme du texte devient l’essentiel du message, elle considère d’ailleurs que ces fonctions ne s’excluent pas les unes les autres.

d.   Le canal : la voix transmise par la musique.

Il s’agit de la fonction référentielle dans la mesure où le message renvoie à un contexte précis. On peut dès lors souligner que la théorie de l’information mise au point à ce stade détermine mathématiquement le taux d’information transmis dans la communication d’un message par un canal de communication.

e.    La langue : le lingala mélangé à quelques mots  mongo et français.

Nous lions la langue à la fonction métalinguistique et phatique telle que Roman Jakobson l’établit à propos du langage, qui se définit en ces termes : « Il ya des messages qui servent essentiellement à établir, plonger, ou… »[1].

 

3.1.2.2. La Dénotation 

La dénotation est à la fois comprise comme une signification explicite et un sens permanent d’un mot, d’un texte ou d’une image. Nous citons quelques énoncés significatifs de la chanson :

Boyebaka te Kinshasa eza mboka ! Bawuta nde basimba mokili : vous savez que Kinshasa est un village! Ce sont les arrivants qui gouvernent le monde.
Ignolokima lomoma lonzet’émi ololé : vous m’avez fui pour me déconsidérer.
Mwasi ya kitoko mwasi ya mindondo : une belle femme est problématique
Mwasi ya mpembe mwasi ya ba depense : une femme de teint clair est faite pour des dépenses.
Oyo ya monene alula na ye mpongi : une forte femme adore le sommeil.
Mwasi ya muke mwasi ya songotobo: une femme mince est une femme qui aime les médisances.
Bakamuké ya Kin ba koma ba laissez-passer : les adolescentes de kin ne sont pas sérieuses.
Maria Mama wa Yezu azalaka mongala : Marie la Mère de Jésus était mongala.
Yudasi atekaka Yezu azalaka nde Rwandais : Judas le traître était Rwandais.
Joseph papa mobokoli azalaka moluba : Joseph le père adoptif était luba.
Jean Baptiste azalaka lokele : Jean Baptiste était lokele.
Pierre azalaka motetela : Pierre était tetela.
Thomas azalaka mokongo : Thomas était kongo.

3.1.2.2. La Connotation

       La connotation est une signification implicite, présupposée, sous entendue : dans la dénotation que nous avons soulignée, nous oserons la décoder de la manière suivante :
       Boyebaka te Kinshasa eza mboka ! Bawuta nde basimba mokili : ceci veut dire que, hormis le fait d’être la capitale, Kinshasa est avant tout un village, donc ce n’est pas utile de traiter les ressortissants d’autres provinces de villageois.
       Mwasi ya kitoko mwasi ya mindondo : pour dire qu’une belle femme c’est une femme qui créera des problèmes à la longue à son époux, parce qu’elle sera aussi enviée ou convoitée par d’autres hommes. Prenons l’exemple de David dans la bible avec la femme de son soldat.
       Mwasi ya mpembe mwasi ya dépense : ce qui sous-entendu que c’est une femme qui posera toujours des problèmes financiers et matériels à son mari parce qu’elle aura plus de besoins que l’autre catégorie des femmes.
       Oyo ya monene alula naye mpongi : ceci veut dire qu’une femme forte ou grasse est fainéante d’autant plus qu’elle adore le sommeil. Cette catégories n’empêche pas qu’on retrouve parmi eux les femmes souples qui malgré leur masse font l’effort de le surmonter par des travaux…
       Mwasi ya muke mwasi ya nsongotobo : comme elle est mince, elle a la facilité de faire des médisances.
Bakamuké ya Kin bakoma ba laissez-passer : les jeunes adolescentes de Kinshasa ne sont  sérieuses. c’est un comportement nous observons dans la capitale avant c’étaient les villageoises qui affichaient de tels comportements mais aujourd’hui nous pouvons l’affirmer tout haut qu’il sera encore mieux d’élever une fille dans la province qu’ici à Kinshasa, les petites filles sont confondues a des prostitués, sont devenues des « oui oui » confusion entre des mamans et des petites filles qui ont une expérience de la vie plus que les personnes de troisième âge.
       Maria maman wa Yesu azalaka Mongala : Marie mère de Jésus était Mongala, partant de la pensée de l’auteur qui a voulu tout d’abord valoriser son origine on lui attribuant le personnage de la vierge Marie car elle est un modèle pour nous les chrétiens. « Comme de son vivant il avait toujours le souci de montrer aux gents qui sont les Bangala, leur façon de vivre, de se comporter et comme parmi les traits caractérisant la mère de notre sauveur va ensemble avec seuls de Bangala c’est la raison qui l’a poussé à lier ce deux personnages »[2]. Nous ne pouvons pas passer inaperçu sans énumérer quelques caractéristiques communes de Marie et Mongala : l’hospitalité nous lisons dans les écritures, nous écoutons dans les homélies combien de fois la sainte vierge est accueillante a l’égard des autres, prêt à rendre service[3], soucieuse des autres toujours patiente ; Sa générosité, elle était toujours disponible de nature, très spontané ; Son esprit de travail, une ménagère (couturière) dans le sens ou elle ne pouvait pas rester sans rien faire elle avait le souci d’apporter un plus dans son foyer et sa serviabilité ; esprit comme seul d’éléphant Marie a gardé le message de l’ange jusqu'à sa concrétisation.
C’est ce que nous constatons aussi chez une Mongala : hospitalité, prêt à rendre service à ceux qui sont dans les boisions, il est difficile que vous trouviez dans une famille de Bangala papa, maman et leur propre enfants il ya toujours les oncles, neuves, tantes… leur générosité va jusqu’au prendre la femme de son frère après son Dèce ou de s’approprier des biens de son frère; l’esprit du travail, les Bangala  d’aujourd’hui ne sont pas comme ceux des années Mobutu qui vivaient que de la recréation mais aujourd’hui les hommes comme les femmes tous au travail parce qu’ils ont compris pour gagner la vie il faut se mettre au travail ; la spontanéité de rendre service ou d’entrer en contact avec quelqu’un; un mémoire éléphant un enfant Mongala est capable de te rappeler la faute commise a son égard ou a l’égard de ses parents après 20ans. Pour clore il ya de ressemblance entre la vierge Marie et une Mongala du point de vue de la caractéristique.
       Yudasi atekaka Yesu azalaka nde Rwandais : Judas le traitre de Jésus était Rwandais, dans le nouveau testament, apôtre qui livra Jésus au sanhédrin. Natif de Judée, il servait l’intendant à Jésus et aux autres disciples. Dans l’évangile selon saint Jean, il est décrit comme cupide et malhonnête.[4]D’après les évangiles selon saint Mattieu et saint Marc c’est l’avidité qui l’amène à livrer Jésus au grand prêtre pour trente pièces d’argent. Dans l’évangile selon saint Matthieu, saint Marc et saint Luc autrement appelé les évangiles synoptique, Jésus est conscient de sa trahison. Quand Judas vit les conséquences de sa trahison, il fut saisi de désespoir et se pendit.
       Pour nous les congolais dire que Judas est comparable a un Rwandais ne nous étonne pas parce que nous avons des mauvais souvenir de ce peuple ; la trahison de Judas est vraiment identique a celle des Rwandais a l’égard des Congolais ; Judas à cherché de son mieux à mettre fin a l’existence du Christ à cause de l’argent de même les Rwandais complotent contre le Congo pour la richesse. Depuis notre existence nous n’avons jamais appris les bons côtés de la population Rwandaise a notre égard, il fait que nous combattre jusqu’aujourd’hui par les guerres à l’est et souvent ils sont même on complicité avec les autres pour notre défaveur, prenons l’exemple de la rébellion  du M23. C’est un comportement que les chrétiens pleurent à la personne de Judas et que les congolais déploient au peuple Rwandais.
       Joseph papa mobokoli azalaka moluba : Joseph le père adoptif de Jésus était Moluba. Saint Joseph, dans le Nouveau Testament est mari de la vierge Marie. L’essentiel de ce que l’on sait de lui est indiqué dans les deux premiers chapitres des évangiles selon saint Matthieu et saint Luc. Plusieurs autres passages en parlent comme père de Jésus-Christ et quelques uns disent qu’il était charpentier ou artisan.[5]Il apparait pour la dernière fois dans les évangiles quand, avec Marie, il retrouve Jésus, âgé de douze ans dans le temple[6]. C’est l’aspect du père adoptif de Jésus qui a poussé l’auteur à faire un lien entre Joseph et la culture Luba. Joseph même s’il n’était pas le père biologique de l’enfant Jésus, il ne l’a pas abandonné il a bien prit soin de lui, l’évangile nous dit que chaque fois  pendant l’exercice de son métier il était accompagné de son fils et lui a appris le métier.
       De même le Luba n’abandonne pas leurs enfants que sa soit la distance, un papa luba dès que dans sa conscience réalise qu’il avait fait un enfant hors mariage ira a sa recherche et l’encadrera comme tout les autres enfants, il aura toujours les soucis de faire étudier ses enfants. J’en témoigne, suis moi-même le fruit de l’union d’un Luba et une Mongala abandonné pendant 18ans par mon papa mais au début de 19ans, il est venu a ma recherche et j’en suis aujourd’hui fière de lui par l’encadrement et l’affection manqué tout au long de mon enfance.
       Jean Baptiste azalaka Lokele : Jean-Baptiste était Lokele, saint Jean-Baptiste en qui des évangiles reconnaissent le précurseur annonçant la venue de Jésus-Christ. Né en Judée, c’est le fils de Zacharie et d’Elisabeth, cousine de Marie, mère de Jésus. Natif de Nazareth, il se prépara à sa mission en se retirant pendant des nombreuses années dans le désert pour y amener une d’ascèse. Vers l’âge de trente ans, il se rendit sur les bords de Jourdain pour prêcher la pénitence et annoncer la venue imminente du Messie. Il baptisa les pénitents par immersion dans l’eau, symbole du baptême prochain par Saint-Esprit. Le baptême de Jésus marqua la fin de sa mission comme précurseur ainsi que celle de son ministère quelque temps après. Jean provoqua la colère d’Hérode Antipas, gouverneur de Judée, à qui il reprocha son mariage avec Hérodias, femme de son demi-frère Hérode. Il fut jeté en prison[7]et à la demande de Salomé, fille d’Hérodias et Hérode, décapité[8].
       La comparaison avec « Lokele » se trouve à partir du baptême au Jourdain, l’artiste suppose que Jean est un riverain dans le sens ou ses activités étaient liées à l’eau comme les Lokeles qui sont de la province Orientale vivant au bord du fleuve Congo entre Kisangani et Bumba. La pêche est leur activité principale, ils passent le tiers de leur journée au fleuve et vivent que du produit de leur pêche.
       Pierre azalaka motetela : Pierre  comparable a un kongo. Pierre fut appelé par Jésus pour être son disciple et devint le premier des douze, lui servant de porte parole. Il fut présent tout au long de la vie de Jésus. Les événements les plus marquants de leur expérience commune sont la contestation et la confession de Césarée, ou Pierre affirma que Jésus était le Messie. L’évangile selon saint Matthieu rapporte la réponse de Jésus : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirait mon Eglise ». Ainsi Pierre se voit-il assigner un rôle. Ayant reçu la mission de prêcher l'évangile, Pierre joua un rôle important dans les premiers temps de l’Eglise chrétienne à Jérusalem. Il insista sur la mission chrétienne à l’égard des gentils, dont l’avocat principal était l’apôtre Paul, prenant part à une discussion sur place des Gentils dans l’Eglise[9]. Une vive querelle s’ensuit à Antioche, lorsque Pierre soutint que ceux qui étaient convertis au message chrétien pouvaient se dispenser des rituels Judaïques (circoncision et restrictions alimentaires).
       Pour un Motetela  il est si facile de contester a quelque chose surtout quand il ne trouve pas ses intérêts ou devant une autre force (arme). Il est l’un des clans Mongo, du tribut de Lumumba, à l’Equateur les Tetela sont connus comme un peuple peureux, prêt à contester devant les difficultés mais Lumumba est un modèle qu’ils devraient suivre. De notre avis cette caractéristique serait plus comparable aux  kongo  qu’aux « Tetela » car ils sont bien connu de tous comme les peureux, pas seulement pour une simple contestation mais pour une contestation suivie de la trahison et dans l’histoire même de la RDC, ils sont parmi ceux qui ont trahit beaucoup d’homme politique.
       Thomas était mokongo : Saint Thomas égale a un kongo. Saint Thomas, un des douze apôtres des Jésus, appelé aussi Didyme (Jumeau en grec). Ce sont les évangiles et en particulier l’évangile selon saint Jean, qui disent un peu qui était saint Thomas.[10]Il vécut au temps de Jésus-Christ, au premier siècle, il apparaît comme un homme lucide et réaliste. La première des trois principes références que Jean fait à cet apôtre[11]montre l’attachement de Thomas pour Jésus et sa clairvoyance sur la gravité de ce qui les attend à Jérusalem. En effet, quand Jésus repart pour la Judée ou les Juifs ont menacé de le lapider, Thomas dit aux disciples : »Allons-y, nous aussi mourrons avec lui »[12]la deuxième référence[13]renvoie à l’épisode du dernier repas de Jésus, pendant le quel celui-ci dit qu’il reviendra prendre ses apôtres avec lui. Il ajoute alors : « … et du lieu ou je vais vous connaissez le chemin. » Thomas dit : « Seigneur, nous ne savons pas ou tu vas. Comment en connaitrions-nous le chemin ? » Jésus lui dit : « je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne va au père sans passer par moi ».[14]Dans les évangiles selon saint Jean,[15]Thomas absent lorsque Jésus apparait pour la première fois aux apôtres âpres la résurrection, doute de ce que les autres lui racontent et attend de vérifier, de toucher pour croire. Alors que Jésus parait huit jours plus tard et l’invite à toucher ses plaies, celui-ci lui répond : »mon seigneur et mon Dieu ! ».[16]C’est l’occasion pour Jésus de montrer que la foi est d’un autre ordre que la simple adhésion à la vérité empirique : « heureux ceux qui croient sans avoir vu », dit-il en concluant et la formule douter comme saint Thomas fait référence à ce récit.


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1 commentaire:

  1. Merci pour vos analyses. Bon travail. Ne serait-ce pas plus judicieux de thématiser les raisons de complexe de supériorité des Kinois. Puisqu'il est bien connu que le complexe de supériorité ait l'une de faces d'une même médaille des complexes.

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