De son vivant, l’artiste a produit les
albums suivants : « Lisanga ya banganga », « Faux
calcul réalisé», « Correction », « Ndoki ya gentil »,
« Itokia » et « Ekabola bitumba ». Et « Bawuta na
mboka » est parmi les onze chansons de l’album « Ndoki ya
gentil ».
Cette chanson qui fait l’objet de notre travail
comprend trois grandes parties : la première se propose d’interpeler les Kinois compte tenu de leur complexe de
supériorité à l’égard des villageois ; la deuxième nous invite à opérer un bon choix pour le
mariage et la troisième compare les différentes cultures aux personnages
bibliques.
Il convient de préciser que l’analyse
que nous voudrions mener est une analyse qualitative. Il faudrait commencer,
d’abord, par trouver l’ensemble des dénotations ou sens premiers des unités
signifiantes et leurs connotations. Quant à la méthode à suivre pour l’analyse
sémiotique de la chanson, nous proposons la démarche suivante :
Dans ce schéma, on peut identifier un
destinateur (émetteur) qui émet le message à un destinataire (récepteur). Le
message est transmis grâce à l’existence d’un code (la langue) partagé par les
deux participants qui, pour qu’il y ait transmission d’informations, doivent
obligatoirement entrer en contact (un contact qui suppose une connexion
physique et psychologique). L’ensemble s’inscrit dans un contexte verbal ou
susceptible d’être verbalisé.
Ce schéma de Jakobson est un modèle
décrivant les différentes fonctions du langage. Il a été développé à la suite
des études de Karl Bühler, qui a cardé les échanges linguistiques. D’après
celui-ci, chaque acte de communication implique trois éléments : code
linguistique, un locuteur et son interlocuteur et enfin un contexte. C’est ce
schéma que nous allons suivre de près dans l’analyse et l’interprétation de la
chanson « Bawuta na mboka », choisie pour notre étude. Nous allons
tenir compte principalement de ces trois éléments évoqués ici. Qu’en
est-il ?
a. Le destinateur : Mabele Elisi et son orchestre.
Il s’agit de la fonction expressive (émotive) qui est relative à l’émetteur, elle consiste à informer le récepteur sur la personnalité ou les pensées de l’émetteur.
b. Le destinataire : la population en général.
Ici, il y a la présence de la fonction conative, relative au récepteur car elle marque la volonté du destinateur à agir sur le destinataire, à l’influencer.
c. Le message
La chanson se veut à la fois une interpellation envers les citadins kinois qui souffrent d’un complexe de supériorité, une invitation à effectuer un bon choix en vue du mariage et la valorisation de l’ethnie Mongo. Il s’agit de la fonction émotive et poétique. La forme du texte devient l’essentiel du message, elle considère d’ailleurs que ces fonctions ne s’excluent pas les unes les autres.
d. Le canal : la voix transmise par la musique.
Il s’agit de la fonction référentielle dans la mesure où le message renvoie à un contexte précis. On peut dès lors souligner que la théorie de l’information mise au point à ce stade détermine mathématiquement le taux d’information transmis dans la communication d’un message par un canal de communication.
e. La langue : le lingala mélangé à quelques mots mongo et français.
Nous lions la langue à la fonction métalinguistique et phatique telle que Roman Jakobson l’établit à propos du langage, qui se définit en ces termes : « Il ya des messages qui servent essentiellement à établir, plonger, ou… »[1].
3.1.2.2. La Dénotation
La dénotation est à la fois comprise comme une signification explicite et un sens permanent d’un mot, d’un texte ou d’une image. Nous citons quelques énoncés significatifs de la chanson :
Boyebaka
te Kinshasa eza mboka ! Bawuta nde basimba mokili :
vous savez que Kinshasa est un village! Ce sont les arrivants qui gouvernent le
monde.
Ignolokima lomoma
lonzet’émi ololé : vous m’avez fui pour me
déconsidérer.
Mwasi ya kitoko
mwasi ya mindondo : une belle femme est problématique
Mwasi ya mpembe
mwasi ya ba depense : une femme de
teint clair est faite pour des dépenses.
Oyo ya monene
alula na ye mpongi : une forte femme adore le
sommeil.
Mwasi ya muke
mwasi ya songotobo: une femme mince est une femme qui
aime les médisances.
Bakamuké ya Kin
ba koma ba laissez-passer : les
adolescentes de kin ne sont pas sérieuses.
Maria Mama wa Yezu
azalaka mongala : Marie la Mère de Jésus
était mongala.
Yudasi atekaka Yezu
azalaka nde Rwandais : Judas le
traître était Rwandais.
Joseph papa
mobokoli azalaka moluba : Joseph le père
adoptif était luba.
Jean Baptiste
azalaka lokele : Jean Baptiste était lokele.
Pierre azalaka
motetela : Pierre était tetela.
Thomas azalaka mokongo : Thomas était kongo.
3.1.2.2. La Connotation
La
connotation est une signification implicite, présupposée, sous entendue :
dans la dénotation que nous avons soulignée, nous oserons la décoder de la
manière suivante :
Boyebaka te
Kinshasa eza mboka ! Bawuta
nde basimba mokili : ceci veut dire que, hormis
le fait d’être la capitale, Kinshasa est avant tout un village, donc ce n’est
pas utile de traiter les ressortissants d’autres provinces de villageois.
Mwasi ya kitoko mwasi ya mindondo :
pour dire qu’une belle femme c’est une femme qui créera des problèmes à la
longue à son époux, parce qu’elle sera aussi enviée ou convoitée par d’autres
hommes. Prenons l’exemple de David dans la bible avec la femme de son soldat.
Mwasi ya mpembe mwasi ya dépense :
ce qui sous-entendu que c’est une femme qui posera toujours des problèmes
financiers et matériels à son mari parce qu’elle aura plus de besoins que
l’autre catégorie des femmes.
Oyo ya monene alula naye mpongi :
ceci veut dire qu’une femme forte ou grasse est fainéante d’autant plus qu’elle
adore le sommeil. Cette catégories n’empêche pas qu’on retrouve parmi eux les
femmes souples qui malgré leur masse font l’effort de le surmonter par des
travaux…
Mwasi ya muke mwasi ya nsongotobo :
comme elle est mince, elle a la facilité de faire des médisances.
Bakamuké ya Kin
bakoma ba laissez-passer : les jeunes
adolescentes de Kinshasa ne sont
sérieuses. c’est un comportement nous observons dans la capitale avant
c’étaient les villageoises qui affichaient de tels comportements mais
aujourd’hui nous pouvons l’affirmer tout haut qu’il sera encore mieux d’élever
une fille dans la province qu’ici à Kinshasa, les petites filles sont
confondues a des prostitués, sont devenues des « oui oui » confusion
entre des mamans et des petites filles qui ont une expérience de la vie plus
que les personnes de troisième âge.
Maria maman wa Yesu azalaka Mongala :
Marie mère de Jésus était Mongala, partant de la pensée de l’auteur qui a voulu
tout d’abord valoriser son origine on lui attribuant le personnage de la vierge
Marie car elle est un modèle pour nous les chrétiens. « Comme de son
vivant il avait toujours le souci de montrer aux gents qui sont les Bangala,
leur façon de vivre, de se comporter et comme parmi les traits caractérisant la
mère de notre sauveur va ensemble avec seuls de Bangala c’est la raison qui l’a
poussé à lier ce deux personnages »[2].
Nous ne pouvons pas passer inaperçu sans énumérer quelques caractéristiques
communes de Marie et Mongala : l’hospitalité nous lisons dans les
écritures, nous écoutons dans les homélies combien de fois la sainte vierge est
accueillante a l’égard des autres, prêt à rendre service[3],
soucieuse des autres toujours patiente ; Sa générosité, elle était
toujours disponible de nature, très spontané ; Son esprit de travail, une
ménagère (couturière) dans le sens ou elle ne pouvait pas rester sans rien
faire elle avait le souci d’apporter un plus dans son foyer et sa
serviabilité ; esprit comme seul d’éléphant Marie a gardé le message de
l’ange jusqu'à sa concrétisation.
C’est ce que nous constatons aussi chez
une Mongala : hospitalité, prêt à rendre service à ceux qui sont dans les
boisions, il est difficile que vous trouviez dans une famille de Bangala papa,
maman et leur propre enfants il ya toujours les oncles, neuves, tantes… leur
générosité va jusqu’au prendre la femme de son frère après son Dèce ou de
s’approprier des biens de son frère; l’esprit du travail, les Bangala d’aujourd’hui ne sont pas comme ceux des
années Mobutu qui vivaient que de la recréation mais aujourd’hui les hommes
comme les femmes tous au travail parce qu’ils ont compris pour gagner la vie il
faut se mettre au travail ; la spontanéité de rendre service ou d’entrer
en contact avec quelqu’un; un mémoire éléphant un enfant Mongala est capable de
te rappeler la faute commise a son égard ou a l’égard de ses parents après
20ans. Pour clore il ya de ressemblance entre la vierge Marie et une Mongala du
point de vue de la caractéristique.
Yudasi atekaka Yesu azalaka nde Rwandais :
Judas le traitre de Jésus était Rwandais, dans le nouveau testament, apôtre qui
livra Jésus au sanhédrin. Natif de Judée, il servait l’intendant à Jésus et aux
autres disciples. Dans l’évangile selon saint Jean, il est décrit comme cupide
et malhonnête.[4]D’après
les évangiles selon saint Mattieu et saint Marc c’est l’avidité qui l’amène à
livrer Jésus au grand prêtre pour trente pièces d’argent. Dans l’évangile selon
saint Matthieu, saint Marc et saint Luc autrement appelé les évangiles
synoptique, Jésus est conscient de sa trahison. Quand Judas vit les
conséquences de sa trahison, il fut saisi de désespoir et se pendit.
Pour
nous les congolais dire que Judas est comparable a un Rwandais ne nous étonne
pas parce que nous avons des mauvais souvenir de ce peuple ; la trahison
de Judas est vraiment identique a celle des Rwandais a l’égard des
Congolais ; Judas à cherché de son mieux à mettre fin a l’existence du
Christ à cause de l’argent de même les Rwandais complotent contre le Congo pour
la richesse. Depuis notre existence nous n’avons jamais appris les bons côtés
de la population Rwandaise a notre égard, il fait que nous combattre
jusqu’aujourd’hui par les guerres à l’est et souvent ils sont même on
complicité avec les autres pour notre défaveur, prenons l’exemple de la
rébellion du M23. C’est un comportement
que les chrétiens pleurent à la personne de Judas et que les congolais
déploient au peuple Rwandais.
Joseph papa mobokoli azalaka moluba :
Joseph le père adoptif de Jésus était Moluba. Saint Joseph, dans le Nouveau
Testament est mari de la vierge Marie. L’essentiel de ce que l’on sait de lui
est indiqué dans les deux premiers chapitres des évangiles selon saint Matthieu
et saint Luc. Plusieurs autres passages en parlent comme père de Jésus-Christ
et quelques uns disent qu’il était charpentier ou artisan.[5]Il
apparait pour la dernière fois dans les évangiles quand, avec Marie, il
retrouve Jésus, âgé de douze ans dans le temple[6].
C’est l’aspect du père adoptif de Jésus qui a poussé l’auteur à faire un lien
entre Joseph et la culture Luba. Joseph même s’il n’était pas le père
biologique de l’enfant Jésus, il ne l’a pas abandonné il a bien prit soin de
lui, l’évangile nous dit que chaque fois
pendant l’exercice de son métier il était accompagné de son fils et lui
a appris le métier.
De
même le Luba n’abandonne pas leurs enfants que sa soit la distance, un papa
luba dès que dans sa conscience réalise qu’il avait fait un enfant hors mariage
ira a sa recherche et l’encadrera comme tout les autres enfants, il aura
toujours les soucis de faire étudier ses enfants. J’en témoigne, suis moi-même
le fruit de l’union d’un Luba et une Mongala abandonné pendant 18ans par mon
papa mais au début de 19ans, il est venu a ma recherche et j’en suis
aujourd’hui fière de lui par l’encadrement et l’affection manqué tout au long
de mon enfance.
Jean Baptiste azalaka Lokele :
Jean-Baptiste était Lokele, saint Jean-Baptiste en qui des évangiles
reconnaissent le précurseur annonçant la venue de Jésus-Christ. Né en Judée,
c’est le fils de Zacharie et d’Elisabeth, cousine de Marie, mère de Jésus.
Natif de Nazareth, il se prépara à sa mission en se retirant pendant des
nombreuses années dans le désert pour y amener une d’ascèse. Vers l’âge de
trente ans, il se rendit sur les bords de Jourdain pour prêcher la pénitence et
annoncer la venue imminente du Messie. Il baptisa les pénitents par immersion
dans l’eau, symbole du baptême prochain par Saint-Esprit. Le baptême de Jésus
marqua la fin de sa mission comme précurseur ainsi que celle de son ministère
quelque temps après. Jean provoqua la colère d’Hérode Antipas, gouverneur de
Judée, à qui il reprocha son mariage avec Hérodias, femme de son demi-frère
Hérode. Il fut jeté en prison[7]et
à la demande de Salomé, fille d’Hérodias et Hérode, décapité[8].
La
comparaison avec « Lokele » se trouve à partir du baptême au
Jourdain, l’artiste suppose que Jean est un riverain dans le sens ou ses
activités étaient liées à l’eau comme les Lokeles qui sont de la province
Orientale vivant au bord du fleuve Congo entre Kisangani et Bumba. La pêche est
leur activité principale, ils passent le tiers de leur journée au fleuve et
vivent que du produit de leur pêche.
Pierre azalaka motetela :
Pierre comparable a un kongo. Pierre fut
appelé par Jésus pour être son disciple et devint le premier des douze, lui
servant de porte parole. Il fut présent tout au long de la vie de Jésus. Les
événements les plus marquants de leur expérience commune sont la contestation
et la confession de Césarée, ou Pierre affirma que Jésus était le Messie.
L’évangile selon saint Matthieu rapporte la réponse de
Jésus : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirait mon
Eglise ». Ainsi Pierre se voit-il assigner un rôle. Ayant reçu la mission
de prêcher l'évangile, Pierre joua un rôle important dans les premiers temps de
l’Eglise chrétienne à Jérusalem. Il insista sur la mission chrétienne à l’égard
des gentils, dont l’avocat principal était l’apôtre Paul, prenant part à une
discussion sur place des Gentils dans l’Eglise[9].
Une vive querelle s’ensuit à Antioche, lorsque Pierre soutint que ceux qui
étaient convertis au message chrétien pouvaient se dispenser des rituels
Judaïques (circoncision et restrictions alimentaires).
Pour
un Motetela il est si facile de contester a quelque chose surtout
quand il ne trouve pas ses intérêts ou devant une autre force (arme). Il est
l’un des clans Mongo, du tribut de Lumumba, à l’Equateur les Tetela sont connus
comme un peuple peureux, prêt à contester devant les difficultés mais Lumumba
est un modèle qu’ils devraient suivre. De notre avis cette caractéristique
serait plus comparable aux kongo
qu’aux « Tetela » car ils sont bien connu de tous comme les peureux,
pas seulement pour une simple contestation mais pour une contestation suivie de
la trahison et dans l’histoire même de la RDC, ils sont parmi ceux qui ont
trahit beaucoup d’homme politique.
Thomas était mokongo : Saint Thomas
égale a un kongo. Saint Thomas, un des douze apôtres des Jésus, appelé aussi
Didyme (Jumeau en grec). Ce sont les évangiles et en particulier l’évangile
selon saint Jean, qui disent un peu qui était saint Thomas.[10]Il
vécut au temps de Jésus-Christ, au premier siècle, il apparaît comme un homme
lucide et réaliste. La première des trois principes références que Jean fait à
cet apôtre[11]montre
l’attachement de Thomas pour Jésus et sa clairvoyance sur la gravité de ce qui
les attend à Jérusalem. En effet, quand Jésus repart pour la Judée ou les Juifs
ont menacé de le lapider, Thomas dit aux disciples : »Allons-y, nous
aussi mourrons avec lui »[12]la
deuxième référence[13]renvoie
à l’épisode du dernier repas de Jésus, pendant le quel celui-ci dit qu’il
reviendra prendre ses apôtres avec lui. Il ajoute alors : « … et
du lieu ou je vais vous connaissez le chemin. » Thomas
dit : « Seigneur, nous ne savons pas ou tu vas. Comment en
connaitrions-nous le chemin ? » Jésus lui dit : « je
suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne va au père sans passer par
moi ».[14]Dans
les évangiles selon saint Jean,[15]Thomas
absent lorsque Jésus apparait pour la première fois aux apôtres âpres la
résurrection, doute de ce que les autres lui racontent et attend de vérifier,
de toucher pour croire. Alors que Jésus parait huit jours plus tard et l’invite
à toucher ses plaies, celui-ci lui répond : »mon seigneur et mon Dieu ! ».[16]C’est
l’occasion pour Jésus de montrer que la foi est d’un autre ordre que la simple
adhésion à la vérité empirique : « heureux ceux qui croient sans
avoir vu », dit-il en concluant et la formule douter comme saint Thomas
fait référence à ce récit.
.
Merci pour vos analyses. Bon travail. Ne serait-ce pas plus judicieux de thématiser les raisons de complexe de supériorité des Kinois. Puisqu'il est bien connu que le complexe de supériorité ait l'une de faces d'une même médaille des complexes.
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